Petite j’avais le sentiment que pour être aimé il fallait être visible et en même temps être invisible pour exister… En y réfléchissant c’était soit être aimé, soit exister!
Cette croyance s’est forgée dans un contexte de vie un peu rude. Elle me protégeait de mes peurs d’enfants et de la dureté de la vie. J’ai cherché à m’évader par la lecture, je passais à travers les barreaux de ma vie de fille de cité pour m’envoler à St Petersburg dans les romans de Troyat, partout en France avec Zola, et je goutais au plaisir de l’amour avec la Princesse de Clèves.
J’arrivais à m’offrir un vent de liberté dans le sport, en faisant un sport peu commun pour l’époque du football féminin. J’aimais faire comme les garçons, être comme eux. Je recherchais leur force, leur puissance, leur pouvoir. Je cherchais à leur ressembler. J’ai été capitaine de l’équipe à des niveaux différents. Cela a nourrit en moi ma confiance et pourtant j’avais peur. J’aimais donner l’exemple et en même temps j’avais l’impression de ne jamais y arriver. J’étais appréciée, mais j’en voulais toujours plus car je ne prenais pas cette reconnaissance que l’on me donnait. C’était un puit sans fond. Je devais être la meilleure, l’exemple, le modèle.
J’ai voulu être professeure de français en Allemagne et je n’ai pas osé. J’ai eu peur de partir. D’abandonner ma famille, d’être abandonnée si je les quittais. Etre visible pour être aimé…. Je suis donc restée et j’ai avancé dans la vie, avec mes peurs et mes limites.
J’ai été manager pendant presque 15 ans. Mes compétences étaient reconnues et moi je m’enfonçais dans mes peurs, mes doutes et je montrais une personne forte, puissante, sans faille. J’en ai payé le prix. J’ai pris 30 kilos en 10 ans et j’ai passé tout ce temps à aimer mon travail, à détester mon corps, à évoluer professionnellement et me perdre intérieurement. Mes enfants ont grandi avec une maman dure, exigeante et qui s’éloignait d’elle-même : être invisible pour exister…
Puis j’ai décidé, un jour suite à un problème de santé de mon mari de faire quelque chose pour vivre autrement la vie. Ne plus subir. J’ai été coaché pendant 1 an. Au 1er rdv, ma coach m’a dit : Karine vous êtes coach ! Une révélation. Tout prenait sens. Depuis petite j’étais la personne qui écoutait, qui redonnait le sourire aux autres, adolescente j’étais l’amie qui redonnait la confiance, qui encourageait. Adulte j’étais la responsable pas tout à fait responsable, j’étais la personne qui savais prendre des décisions mais qui préférait écouter ses collaborateurs, les faire grandir les voir partir pour les voir heureux. J’étais la maman exigeante, sévère mais qui parlait de bonheur, de plaisir et d’épanouissement à ses enfants.
J’étais coach, j’étais cette personne qui aime accompagner, révéler.
A la suite de ça, pendant des années j’ai continué à faire grandir les autres, les accompagner. Pour autant je n’étais pas alignée avec moi-même. Je portais encore le poids de ma vie, de mes croyances…Mon coaching m’avait permis de prendre conscience de cela et là je passais à l’action. J’ai fait une hypno-thérapie qui m’a permis de lever tous les blocages psychologiques. J’ai mis, enfin des images sur mes peurs. Puis j’ai travaillé sur mes croyances en me posant la question si elles étaient toujours adaptées au contexte actuel et petit à petit je me suis sentie libre, alignée et j’ai commencé à perdre du poids.
Aujourd’hui j’accompagne des personnes, j’aime les aider à révéler leurs ressources et exploiter pleinement leur talent. Les aider à vivre et ne plus subir. J’aime donner du sens. Je suis passionnée par l’humain, la compréhension des comportements, la communication et les mots.
Aujourd’hui je pense qu’être visible ou invisible n’est pas la question. Que chacun d’entre nous à la légitimité d’exister et d’être aimé.
Karine